Je dessine les gens depuis toute petite, par nécessité et avec obstination, sur tous supports à ma portée et avec les outils qui me tombent sous la main. La couleur et les éléments de l’environnement naturel sont venus plus tard, en voyageant. Je n'ai vraiment abordé la peinture que depuis 2005. Le dessin d’après nature et les émotions liées à ce que je vois conservent une part centrale dans mon travail.

 

Je n’ai pas d'intention arrêtée au départ d’un tableau, mais le travail préalable de dessin et d’études en petits formats m’éclairent assez,  sur les images qui m’habitent, ou m’intéressent, ou me touchent, à une période donnée, et donc sur ce que je vais probablement discerner, reconnaître et mettre au travail en abordant les formats plus grands et la couleur, et en diversifiant les techniques. 

Mon processus de travail est poétique. Il est de l’ordre de la traduction, de l’émergence, des associations libres et du rêve. Il est également méditatif : il s’agit d’accepter ce qui vient, de se mettre à l’écoute de mes ressentis, sans rien interdire. 

 

La pensée ne guide pas mon travail, mais mon travail guide ma pensée, voire aboutit à la pensée, qui émerge par moment, puis repart dans les profondeurs ; de ce point de vue mon processus de travail tient aussi du tissage, entre émotions, sensations, pensée, rêve... Comme m’a dit un jour un professeur d’esthétique : « on voit que vous pensez avec votre pinceau ». C’est un très bon résumé.

 

Du point de vue des techniques, j'ai longtemps travaillé sur papier, en mêlant diverses techniques : graphite, mine bleue, crayons aquarelle, pastels, sanguine, pierre noire, bic...., mais aussi de la tempéra, des encres, et parfois de l’huile ou d'autres matières, en procédant par tâche, repentir, associés au dessin. En 2018, mon travail s'est orienté vers les motifs élémentaires et répétitifs, tels qu'on en trouve dans les arts traditionnels. J'ai finalement trouvé mon inspiration chez les warli d'Inde et les aborigènes d'Australie. J'avais alors en tête aussi les peintures rupestres, traces de civilisations disparues. La période que nous traversons depuis 2020 et les menaces qui pèsent sur un certaine façon de faire "civilisation" ont donné une orientation particulière à mes recherches, et les confinements successifs ont permis la pratique méditative des motifs répétitifs.

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